Finalement avec le temps, Deathspell Omega est devenu une vieille connaissance. Celle qui apparaît régulièrement et avec laquelle on converse plus que volontiers car elle a toujours des choses incroyables à dire. C'est très souvent hautement intéressant, bien plus rarement ennuyeux, si ce n'est jamais. On a appris à chérir ces moment, on a fini par en devenir dépendant. On a également un peu de crainte également, et si ça finissait ? Et si la prochaine fois on se faisait chier ?
Revenu du désert cette fois, Deathspell Omega raconte une histoire toute de sécheresse vêtue. Passant par le sable, les scorpions, l'abrasif et les craquelures, le thème principal est suffisamment repris et pilonné pour comprendre quel est le propos. S'ajoute à cela un son... abrasif. On s'en serait douté, c'est confirmé dans ce qui est décidément un album d'une homogénéité globale assez effarante. Du son aux paroles, des compositions à la réalisation (jetez un coup d'oeil à la magnifique, encore, pochette), tout confine à la sécheresse. Ah ? Et vous ne saviez pas ? Il s'agit d'un EP. Qui dit Deathspell Omega et EP, dit chanson longue. C'est une bonne supposition, mais complètement à côté de la flaque (ah ah) cette fois. Nous sommes abreuvés (re-ah ah) de 6 titres, rien de moins ! Le génie des maths qui sommeille en chacun de nous comprendra donc vite qu'on ne dépasse pas souvent les 4-5 minutes sur cet EP, avec une transition "Sand" qui passe sous les 2 minutes. C'est très chiffré, mais connaissant les habitudes du groupe, il est naturel de s'y attarder un peu et de montrer sa surprise.
Mais est-ce que ça change ? Pas vraiment, car on a toujours notre intro habituelle, les transitions brutales, les changements de rythmes et les passages calmes. En fait, on a toujours tout ce qui fait Deathspell Omega. Et toujours cette facilité incroyable des pictaviens à créer leur monde et imposer leur son. Encore une fois, la patte Deathspell Omega est audible dès les premières notes même si on tape plus qu'avant (Paracletus avait montré la voie) dans la dissonance. Les expérimentations rythmiques sont toujours là, et bien là. On a même droit à un passage de headbanguing que ne renierait pas un groupe de heavy ! Ecoutez donc le début de "Fiery Serpents". Bref, les chansons se sont concentrées, mais ça ne signifie aucunement que ce groupe démentiel s'est calmé ou a changé une quelconque caractéristique de sa musique. Et étonnamment, il arrive toujours à aller de l'avant, étonnamment et magiquement presque. En repoussant les limites de l'âge, cela fait maintenant 3 albums et 5 EP que le groupe se maintient à des niveaux stratosphériques, les français font se demander si ils ne sont pas les Roger Federer du black metal, légendaires.
Voilà, on se quitte comme on s'est retrouvé, très bons amis, l'histoire de la sécheresse et de la vanité vaine de Dieu, toujours, nous a captivé une fois de plus. Une habitude oui, mais une surprise ? Vraiment, vraiment pas. On n'en attendait pas moins, et le groupe a tenu la dragée haute à nos attentes. On veut la suite, et plus long.