Quand on pense au Portugal, au niveau metal, on pense à… Heu… À quoi ? Quelle est donc la spécialité métallique de ce pays ? Les Destroyers Of All, en tout cas, produisent un death/thrash metal qui ne rappelle pas vraiment l’océan et le soleil. Leur deuxième effort, The Vile Manifesto, cherche à mixer différents genres (on parle de hard rock, de metal progressif, voire de black metal…). Qu’en est-il vraiment ?
On va tout de suite tuer le suspense : Destroyer Of All ne fait pas dans la dentelle. En même temps, le nom choisi est assez clair. On est en pleine vague thrash revival avec un peu d’influences death sur les bords : quelques riffs par-ci, un poil de growl par-là et des blast-beats bien senti. Et même si quelques compositions sont dotées parfois d'une structure plus complexe, on est loin d’une musique progressive. Ce thrash furieux et dynamique, animé par un chant revendicatif qui vient du fin fond du gosier rappelle des groupes comme Crisix. C’est dynamique, ça utilise des riffs pas franchement révolutionnaires mais l’énergie passe bien. La question est de savoir si The Vile Manifesto se contente de recettes éculées et fatiguées ou s’il dépasse les attentes. Aux premières écoutes, le quintet manque sacrément d’originalité. Les apports au thrash metal sont faibles et beaucoup de passages semblent déjà entendus. Les Portugais n’évitent pas non plus quelques clichés. Mais la conviction apportée par le chanteur et le son de très bonne facture donnent une véritable efficacité aux morceaux. Ça fonctionne plutôt bien et c’est déjà pas mal…
Il faudra plusieurs écoutes pour saisir la richesse de l’album. En effet, on pourrait s’attendre à une certaine lassitude vue la créativité limitée par le côté old school du collectif. Pourtant, ce sont justement les petits apports death qui font beaucoup pour l'ambiance installée par la section lusitanienne. Contrairement à un grand nombre de formations jouant sur le même créneau, Destroyers Of All possède des leads de guitare discrets, mais d’une redoutable efficacité. Ils apportent de la mélodie, des atmosphères et de la variété. Couplés aux solos plutôt réussis, ils évitent une quelconque lassitude. Et c’est tout le groupe qui se retrouve dans une belle communion. La rythmique est assez remarquable en ce sens : sans être hyper technique ou originale, elle s’adapte en permanence aux guitares pour les soutenir et les bonifier. Le chant est également porté par l’ensemble. Cette synergie entre les musiciens rend les titres du recueil d'autant plus percutants. Cependant, il n'est pas interdit de souligner la très belle performance du vocaliste dont les lignes sont accrocheuses en diable. Parfaitement accordées aux riffs, elles ont un sacré goût de reviens-y.
The Vile Manifesto est une très bonne surprise. Une surprise, car au premier abord l’enregistrement s'apparente à du death/thrash pas forcément original, bien qu’efficace. Sans être des génies de la musique, les membres de Destroyers Of All constituent une véritable entité où chacun bonifie le matériau selon ses compétences. Du beau boulot de passionnés, à écouter d’urgence si vous êtes friand(e)s du genre.